Comité interministériel de la sécurité routière : et si les autorités prenaient enfin de vraies mesures pour renforcer la sécurité des jeunes conducteurs ?

Signer une "charte numérique de bonne conduite" : voilà la proposition du Premier ministre lors du  Comité interministériel de la sécurité routière du 9 janvier dernier pour réduire la mortalité des jeunes conducteurs. Quel programme ! En revanche, toujours rien pour renforcer les acquis de ceux qui viennent d’obtenir le permis. Pourtant de nombreuses mesures, mises en place avec succès à l’étranger, permettent d’avoir un véritable impact sur la sécurité routière. Décryptage de ces pratiques beaucoup plus utiles qu’une charte numérique !

Le point commun de ces initiatives est de renforcer la formation et l’expérience des jeunes conducteurs ; cette politique volontariste mise en place dans plusieurs pays européens donne de bons résultats. Agir sur le perfectionnement plutôt que de mettre en place toujours plus de sanctions et des mesures d'affichage, voilà de vraies mesures pragmatiques et efficaces.

La formation post-permis obligatoire fait baisser l’accidentalité chez les jeunes conducteurs

A contrario du système français basé sur une seule phase d’éducation et de formation qui s’achève avec l’examen du permis de conduire, d’autres pays ont mis en place une formation post-permis qui vise à renforcer les acquis des jeunes conducteurs. En Finlande par exemple, après l’obtention du précieux sésame, les élèves sont dans l’obligation de suivre un cours complémentaire sur la perception des risques et la conduite dans des conditions difficiles. Ces sessions ont permis à la Finlande de réduire de 30 % le taux de sinistre chez les jeunes conducteurs.

En Autriche, la formation post-permis s’appuie sur la reconnaissance et l’évitement du danger, mais également sur un audit de conduite réalisé quelques mois après l’obtention du permis. En 2003, les Autrichiens ont ainsi rendu obligatoire l’apprentissage continu de la conduite, après avoir constaté une baisse de 15 % des sinistres chez les candidats qui l’avaient expérimenté.

En France, les stages de perfectionnement existent mais ne sont pas obligatoires. Les jeunes conducteurs volontaires peuvent ainsi se confronter au freinage d’urgence où à l’évitement d’obstacle. Pour les jeunes de moins de 30 ans ayant suivi ce type de stage, la probabilité d’avoir un accident matériel responsable diminue ainsi de 35 %. Si une charte de qualité a été signée entre l’État et les organismes de formation post-permis de conduire, aucune action avec les auto-écoles n’a été mise en place. Ce type de formation est pourtant bien plus efficace pour sauver des vies que la prolifération des radars, ou une mesure relevant purement de l'affichage, comme cette fameuse "charte numérique"!

Formation continue sur le terrain et sur simulateur : des pistes efficaces pour la sécurité des jeunes conducteurs   

L’apprentissage de certains aspects de la conduite permet également de renforcer les capacités des conducteurs. En Suède, l’apprentissage de la conduite sur chaussée glissante est obligatoire pour tous les élèves conducteurs. Une formation qui leur permet ensuite de pouvoir réagir rapidement en cas de situation difficile.

Aux Pays-Bas, les formations sur simulateur sont largement développées. Elles fournissent une alternative à l'entraînement pratique sur route en permettant à l’élève de se confronter à des situations d’urgence et à une grande variété de situations routières.

C’est ainsi bien au travers de la pratique, du perfectionnement, et de l’acquisition des connaissances que les jeunes conducteurs français pourront être en meilleure sécurité, et non pas par le biais des politiques répressives qui se succèdent d'année en année, sans impact sur la mortalité routière.