Etat des routes : “1 euro non investi dans l’entretien aujourd’hui, c’est 10 euros de dépenses pour demain”

L’infrastructure routière est mise en cause dans 26 % des accidents mortels. Investir pour améliorer l’état des routes et donc, la sécurité routière, voilà qui changerait du discours anti-vitesse, note Alexandra Legendre, porte-parole de la Ligue de Défense des Conducteurs.

Note : cet article a été initialement publié le 25 février 2022 sur le site Capital.fr, où la Ligue de Défense des Conducteurs tient une tribune libre bimensuelle.

Tout un symbole : en 2012, la France arrivait en tête du classement mondial de la qualité des infrastructures routières établi par le Forum économique mondial, sur près de 150 pays. En 2019, elle a été rétrogradée à la 12e place. Notre association, qui voit d’un mauvais œil les radars automatiques proliférer alors que le réseau routier part à vau-l’eau, a pris le sujet à bras le corps. En 2020, nous avons publié une étude intitulée "Dégradation des routes en France : il est urgent d’agir" (téléchargeable sur notre site), qui pointait du doigt le sous-investissement chronique des collectivités territoriales, mais aussi de l’État, dans les nationales, départementales et autres voies communales.

Résultat, des accidents, de la pollution, des émissions de CO2, des frais d’entretien pour les véhicules en plus… et des travaux de restauration qui coûteront plus cher à terme. Saviez-vous ainsi que selon Nextroad, leader français indépendant de l’ingénierie routière, un euro non investi dans l’entretien des routes aujourd’hui, c’est 10 euros de dépenses demain ?

Cette étude, depuis deux ans maintenant nous la faisons parvenir aux parlementaires au moment de l’examen du Projet de loi de finances, à l’automne. L’idée étant de les inviter à réfléchir à ces quelque 200 millions d’euros qui sont budgétés chaque année pour l’acquisition et l’entretien de radars, qui seraient bien plus utiles pour renforcer un pont ou réparer une route. L’an dernier, 60 députés ont même déposé un amendement allant dans ce sens. Lequel a été rejeté, et c’est bien dommage.

De leur côté, les sympathisants de notre association ne rechignent pas à participer à l’effort collectif. À leur intention, nous avons créé Activ’Route, site communautaire (activroute.org) ou appli téléchargeable gratuitement sur IOS et Android, les invitant à signaler eux-mêmes les zones dangereuses. Notre plateforme est née du constat de la difficulté rencontrée par les citoyens à alerter les gestionnaires de voirie, que ce soit par manque de temps ou à défaut de savoir vers qui se tournerPourtant guidés par un acte citoyen et désintéressé, nombreux sont ceux qui se retrouvent confrontés aux décourageants méandres de la décentralisation et de l’administration, voire à des collectivités se renvoyant mutuellement la balle pour un même signalement.

Activ’Route leur épargne ainsi ces démarches fastidieuses, car nous les effectuons à leur place. Concrètement, nous centralisons ces signalements, nous les analysons puis les traitons individuellement, avant de les transmettre aux collectivités gestionnaires des voies concernées. Notre association assure également un suivi auprès des services compétents, relances comprises.

"La qualité de l’infrastructure routière se traduit forcément par une amélioration de la sécurité et une baisse du nombre d’accidents"

Cette communauté engagée « d’Activ’Routeurs », convaincue que la qualité de l’infrastructure routière se traduit forcément par une amélioration de la sécurité et une baisse du nombre d’accidents, dépasse désormais les 5.000 contributeurs et les 8.600 signalements. Certes, cela reste modeste mais depuis quelques mois, nous avons noté une nette accélération de notre activité d’intermédiaire entre les conducteurs et les gestionnaires de routes. Surtout, nous observons de plus en plus de retours positifs, comme le département de la Sarthe qui nous indique que “Suite à votre signalement […], je vous confirme que nos services sont intervenus pour recharger l’accotement suite à la réparation de chaussée, dès votre sollicitation”, ou la Métropole de Colmar qui nous informe que “Des travaux de réfection de la chaussée ont bien été réalisés suite au signalement”.

Ornières, ralentisseurs trop hauts, marquages au sol effacés, panneaux de signalisation illisibles… sont autant de pièges pour l’automobiliste, le motard ou même le cycliste. Si vous aussi, vous êtes lassés de les voir se multiplier autour de vous, signalez-les nous. Vous deviendrez, vous aussi, un acteur de la sécurité routière.