Élections européennes : à quelle sauce les candidats vont-ils manger les conducteurs ?

À l’issue des élections européennes qui auront lieu le 9 juin en France, 81 députés français prendront le chemin du Parlement, à Strasbourg. Notre association a voulu connaître le programme automobile des candidats, sachant que la politique européenne en matière de mobilité individuelle pèse lourd sur nos libertés. Un questionnaire a donc été envoyé aux têtes de liste.

Obligation du renouvellement du permis de conduire, exploitation des données générées par les conducteurs, fin des véhicules thermiques, déferlante des constructeurs chinois… Ces sujets, parmi beaucoup d’autres, sont notamment du ressort des députés européens. Le positionnement des candidats sur ces sujets sera donc peut-être déterminant dans votre choix. C’est pourquoi nous avons interrogé les principales têtes de liste à l’élection du 9 juin, afin que vous puissiez voter en toute connaissance de cause.

Un courrier avec accusé de réception leur a été envoyé, ainsi qu’un mail. Voici ce que nous leur écrivons, dans la lettre accompagnant notre questionnaire :

Madame, Monsieur,

Vous êtes candidat aux élections européennes.

Ce scrutin concerne particulièrement les 48 millions de Français détenteurs d’un permis de conduire, puisque les politiques européennes ont un immense impact sur leur mobilité, en particulier leur mobilité individuelle.

Ce sont eux que la Ligue de Défense des Conducteurs représente ici. Notre association, 100 % indépendante et entièrement financée par les dons de ses membres, compte en effet plus de 1 million de sympathisants. Pour ces derniers, il s’avère fondamental de connaître votre conception de la politique automobile, qu’il s’agisse de transition écologique, de sécurité routière, encore de répression routière.

Que les parlementaires européens aient rejeté l’obligation d’examen médical pour conserver son permis de conduire en février dernier ne constitue qu’un soulagement temporaire. En effet, d’autres sombres perspectives liées à l’usage automobile se profilent : fin des véhicules thermiques en 2035 peu comprise par les citoyens, perte de souveraineté technologique avec l’arrivée en mode accéléré de constructeurs chinois maîtrisant parfaitement la production de modèles 100 % électriques accessibles, homogénéisation des limitations de vitesse à l’échelle européenne... Certaines affectent déjà notre quotidien : flambée des prix des voitures, traitement extrêmement flou des données générées par les véhicules, ou encore mesures de restrictions de circulation dans les villes.

Ces préoccupations n’empêchent évidemment pas les automobilistes et les motards d’être sensibles à la protection de l’environnement et à l’amélioration de la sécurité routière. La mise en place d’outils pédagogiques, la valorisation d’initiatives locales ou plus générales aboutissant à une utilisation optimisée des véhicules individuels, le recours à la prévention et à une répression visant les comportements vraiment dangereux plutôt que le contrôle automatisé et déshumanisé de la vitesse, sont autant de propositions qu’ils accueillent avec enthousiasme.

En attendant, notre association s’inquiète de voir les conducteurs assimilés à des citoyens de seconde zone, dont on attend exclusivement qu’ils s’acquittent de leurs taxes et de leurs PV. Les récentes décisions prises à l’échelle de l’Europe ne sont pas faites pour rassurer. Pourtant, ceux qui démarrent leur voiture chaque matin parce qu’ils n’ont pas d’autre moyen pour rallier leur destination sont infiniment plus nombreux que les contempteurs de ce moyen de transport. Les dédaigner, c’est prendre le risque qu’ils expriment leur mécontentement dans les urnes.

C’est pourquoi nous vous proposons de consacrer quelques minutes au questionnaire ci-joint, auxquels nous vous invitons à répondre afin que nos sympathisants et, à plus large échelle, tous les Français attachés à leur mobilité individuelle, connaissent votre positionnement en matière de politique automobile. Nous leur ferons évidemment connaitre vos réponses via articles, mailings et communiqués auprès des médias.

Nous vous remercions par avance pour votre engagement en faveur des automobilistes et motards et nous nous tenons évidemment à votre disposition pour échanger de vive voix, voire remplir ce questionnaire ensemble, à l’occasion d’un rendez-vous dont nous pourrons fixer ensemble les modalités.

Voici maintenant notre questionnaire en détail :

1- Quotidien des conducteurs

Obligation de renouvellement du permis de conduire

  • Le Parlement européen a voté contre la visite médicale obligatoire pour conserver son permis de conduire. En revanche, l’obligation de son renouvellement reste d’actualité et sera rediscutée lors de la prochaine mandature. Les sympathisants de la Ligue de Défense des Conducteurs s’inquiètent de la perspective de voir leur permis devenir périssable, alors que la voiture reste un lien social indispensable pour bon nombre de nos concitoyens et en particulier, pour ceux qui vivent dans des territoires ruraux (ils sont 435 000 à avoir signé notre pétition en ce sens). Quelle position sur la durée de vie du permis adopterez-vous et pourquoi ?

Dématérialisation du permis de conduire

  • Que pensez-vous du projet de permis de conduire numérique ? Comment allez-vous protéger les conducteurs européens du piratage de leurs données personnelles ? Nous assistons déjà en France à une recrudescence de fraudes et d’arnaques liées à la dématérialisation des procès-verbaux (erreurs de restitution de points, usurpation d’identité avec difficultés à se faire aider…). Les conducteurs craignent donc que le permis « virtualisé » représente à son tour une source de menaces et d’abus.

Accompagnement des conducteurs dans la transition numérique

  • Les personnes les plus vulnérables, sans accès à internet ou rencontrant des difficultés à maîtriser les outils informatiques, risquent de se trouver démunies alors que les démarches administratives, notamment liées à leur vie d’automobilistes, sont de plus en plus souvent dématérialisées, comme illustré dans la question précédente. Comment l’Europe, selon vous, peut-elle inciter les États à s’assurer que ces citoyens « déconnectés » continuent à bénéficier d’un accès à leur dossier administratif (permis de conduire, contraventions, etc.) ?

Exploitation des données générées par les conducteurs

  • Selon une étude automobile Lifesearch, les consommateurs français (mais aussi allemands) souhaitent principalement limiter la collecte de données personnelles à la maintenance du véhicule, la possession du véhicule et le comportement de conduire. Or, les voitures connectées, dotées de plus de 200 capteurs et caméras, sont capables de récupérer bien davantage d’informations : vitesse, style de conduite, observation des autres usagers… Comment comptez-vous encadrer l’exploitation de ces données ? Pensez-vous initier des projets de mesures permettant de garantir aux usagers plus de transparence sur l’utilisation de leurs données ? Envisagez-vous d’offrir la possibilité aux conducteurs de refuser de transmettre les données qu’ils ont générées et dont ils sont propriétaires ? Considérez-vous qu’il soit prioritaire de s’assurer à l’échelle européenne que la collecte de données ne se retournera pas contre les conducteurs (système de contrôle des infractions routières, augmentation des primes d’assurance) ?

Homogénéisation des règles de circulation en Europe

  • Êtes-vous favorable à une homogénéisation des règles de sécurité routière dans tous les États européens (vitesse, répression automatisée, signalisation) ?
  • Sur autoroute en particulier, pensez-vous qu’il soit nécessaire que l’Europe se prononce sur d’éventuels abaissements de limitations de vitesse, sachant que les conducteurs sont parfaitement à même de choisir d’adapter leur vitesse en fonction de leurs contraintes (pouvoir d’achat) ou de leurs convictions (environnement) ?

2- Environnement

Fin des véhicules thermiques en 2035

  • Envisagez-vous de remettre en cause cette décision ? Que votre réponse soit positive ou négative, pouvez-vous expliquer pourquoi ?
  • Aujourd’hui, sur les plus de 250 millions de voitures qui circulent dans l’Union européenne, moins de 1 % sont 100 % électriques. Comment l’Europe, selon vous, doit-elle accompagner la « disparition » des véhicules thermiques ? Le verdissement du parc automobile doit-il passer par leur mise à la casse, quand bien même ils sont en parfait état de marche ?

Mobilité individuelle

  • Selon Eurostat, « la voiture particulière reste le principal moyen de locomotion des Européens. Elle représente 87 % du transport terrestre de passagers dans l’Union en 2020». Compte tenu de la hausse importante des prix des véhicules (neufs ou d’occasion), comment l’Europe, selon vous, doit-elle accompagner les foyers dans la transition écologique et dans son acceptabilité ?
  • La filière automobile, notamment en aval avec les métiers des services, s’est développée afin de préserver la durabilité des véhicules thermiques. Or, la moitié des constructeurs automobiles produisent des modèles électriques dont les batteries ne sont pas réparables. Comment comptez-vous garantir les mêmes durabilité et réparabilité des véhicules électriques, rassurant ainsi les consommateurs européens ?
  • Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour imposer des solutions standardisées entre les différents pays d’Europe, afin de faciliter l’accès des véhicules électriques aux bornes de recharge (branchement, modalités de paiement, tarification) ?

3- Industrie

Déferlante de constructeurs chinois

  • Les marques chinoises, MG en tête, s’octroient déjà près de 3 % du marché européen des voitures neuves. Les États-Unis et la Chine elle-même ont mis en place des mesures protectionnistes pour protéger leur industrie automobile. Pensez-vous que l’Europe doit faire de même ?

Si vous aussi, vous souhaitez interpeler les candidats, n’hésitez pas à envoyer notre pétition aux candidats de votre choix en cliquant sur ce lien.