Paris ou l’acharnement de la politique anti-voiture d’Anne Hidalgo *

À coup de déclarations chocs et de mesures contraignantes, Anne Hidalgo met en place, à Paris, une politique ouvertement anti-voiture. Pire, les annonces en la matière se multiplient ces jours-ci : suppression de 70 000 places de stationnement, généralisation du 30 km/h… Mais là où la fermeture des voies sur berges avait fait couler beaucoup d’encre, l’actuel tour de vis anti-bagnole est, somme toute, peu médiatisé. Pour que cette transformation de la capitale en enfer pour les conducteurs ne passe pas comme une lettre à la poste, la mobilisation s’organise.

 

Dès l’entrée dans Paris (ici, Porte d’Orléans), le panneau blanc cerclé de rouge annonce la couleur : la voiture n’est pas la bienvenue. © LDC

 

Pour nourrir leurs malencontreuses initiatives contre les conducteurs, les politiques anti-voiture disposent d’un merveilleux laboratoire : Paris, où les coups de boutoir contre tout ce qui se déplace sur quatre roues se multiplient. Le dernier en date consiste en la suppression de 70 000 places de stationnement, soit la moitié de celles disponibles en surface, c’est-à-dire dans les rues de Paris, d’ici 2026. De quoi rendre encore plus difficile la vie quotidienne de ceux – notamment Franciliens – qui ont la nécessité de se rendre dans la capitale pour travailler.

 

70 000 places de stationnement supprimées sans raison valable

Mais que souhaite faire la mairie de Paris de l’espace libéré par les places de stationnement, une fois supprimées ? Accrochez-vous, parce que les suggestions sont particulièrement savoureuses : y installer des « hôtels à insectes », faire du lombricompost, aménager des emplacements « bains de soleil » ou encore exposer des œuvres d’art… Ces idées lumineuses, vous les retrouverez dans le questionnaire mis en place par la Ville de Paris pour que chacun s’exprime sur ce projet sidérant, auquel nous vous invitons évidemment à répondre. C’est une occasion qui ne repassera pas de rappeler à la municipalité l’utilité absolue des places de stationnement. Cette consultation publique, dont voici l’adresse, est accessible jusqu’au 20 décembre 2020 :

https://idee.paris.fr/project/10m2-en-bas-de-chez-vous/questionnaire/questionnaire

Dans son numéro du 25 novembre 2020, dans un article intitulé « Hidalgo invente le parking sans auto », Le Canard Enchaîné décrit, d’ailleurs, un exemple des conséquences ingérables pour les conducteurs comme pour les commerçants, de la suppression de la moitié des places de stationnement de surface : « Pour se garer, demeurent donc les parkings souterrains. Problème : avec la piétonisation des quartiers, va-t-il encore être possible d’y accéder ? Celui situé sous la Samaritaine est ainsi hors d’atteinte depuis que la rue de Rivoli est interdite aux véhicules à moteur. Il était aussi accessible par la rue du Pont-Neuf en venant des quais, mais elle a changé de sens. […] Les automobilistes doivent passer par le boulevard de Sébastopol, éviter la porte de la Chapelle, fermée, et traverser deux fois la Seine pour espérer arriver au parking fantôme. Sa pédégère se plaint : "Nos clients sont perdus (…). Nous n’avons plus aucun visiteur." Hidalgo, conciliante, propose aux automobilistes de réserver sur Internet un laissez-passer pour traverser la rue de Rivoli. Pourquoi ne pas transformer plutôt le parking en musée de l’absurde ? » 

Et ce n'est pas tout. Pour augmenter de 45 millions d’euros les recettes de stationnement de Paris, Anne Hidalgo veut jouer sur les tarifs, faire payer aussi les deux-roues et s’appuyer sur le contrôle par LAPI (lecture automatique des plaques d’immatriculation). Les méthodes employées seront décidées début 2021. En tout cas, l’objectif est d’atteindre 379 millions d’euros de gains sur le stationnement payant dès l'année prochaine. Jugez du paradoxe : alors que la capitale cherche à tout prix à se débarrasser des voitures dans ses rues, elle table sur l'augmentation de leur rentabilité pour arrondir ses fins de mois...  Il faudrait savoir !

 

Généralisation imminente du 30 km/h

Mais la complication artificielle de la circulation – déjà pénible – dans la capitale ne s’arrête pas là. En effet, Anne Hidalgo entend également généraliser la vitesse plafond de 30 km/h à l’ensemble du territoire parisien dès le début de l’année 2021, c’est-à-dire… dans deux mois. Alors, mobilisez-vous ! Vous pouvez, jusqu’au vendredi 27 novembre à 17h, donner votre avis sur ce programme ubuesque, dont nous publions ci-dessous les deux premiers articles. Pour faire entendre la voix des conducteurs, il suffit de déposer un message sur la page de cette seconde consultation publique :

https://www.enquetes-publiques.com/Enquetes_WEB/FR/EP20351/Deposer.awp

 

 

La Ligue de Défense des Conducteurs, qui a mené l’enquête sur La face cachée des villes à 30 km/h, partage naturellement les inquiétudes des nombreux usagers qui ont déjà déposé leur contribution à ce débat sur le site officiel du projet du « 30 » parisien (https://bit.ly/34YVGtB). Par exemple, un Président de chambre honoraire à la Cour des comptes y formule notamment la remarque suivante, qu’il nous a aimablement transmise : « aucune étude d'impact n'est jointe au projet mis en consultation. Or une consultation n'a de sens que si elle s'appuie sur des faits et/ou des hypothèses confirmées par des études préalables. Autrement, les citoyens ne peuvent se déterminer que sur des impressions personnelles, subjectives, et, de ce fait, entachées d'une marge d'erreur pouvant aller jusqu'à 100 %. »

 

Une obsession « anti-bagnole »

Cette généralisation du « 30 » à Paris n’est pas un coup de tête d’Anne Hidalgo, mais un aboutissement de sa conception de la place de l’automobile en ville : fin 2015, elle affirmait déjà : « Il faut réduire la circulation [...]. On va continuer à diminuer le nombre de voitures dans Paris. [...] La question de la liberté de prendre sa voiture, c’est une idéologie qui est en place : prendre sa voiture et pouvoir en décider librement. » (France Inter, 2 novembre 2015). C’est la même logique qui, le 28 avril 2020, dans la perspective de la fin du premier confinement sanitaire de l’année, anime sa déclaration au journal Le Parisien : « Paris ne se laissera pas envahir par les véhicules et la pollution après le 11 mai. »

Dès la sortie du premier confinement, la maire de Paris reconfirmait sa politique anti-voiture.

 

Une accumulation de contraintes pour les conducteurs

Cette vision de l’automobile aboutit à des politiques sans nuance. Dans le même entretien au Parisien est ainsi annoncée la création de pistes cyclables provisoires « pour soulager les transports en commun et éviter de revenir à la voiture individuelle ». Ces 50 kilomètres de « coronapistes » sont pérennisées peu après, lors d’une annonce d’Anne Hidalgo sur Europe 1, le 16 septembre 2020. Or elles ont été créées dans des voies auparavant empruntées par les voitures… Au passage, la rue de Rivoli est interdite aux véhicules personnels. Cette décision vient s’ajouter à l’obstination de l’élue, entre 2016 et 2019, à obtenir la piétonnisation des voies sur berges. Ces démarches s’inscrivent aussi dans un calendrier d’exclusion de Paris et du Grand Paris d’une part croissante du parc automobile, via les Certificats Qualité de l’air. Rappelons qu’à partir de 2022, ces restrictions de circulation s’y appliqueront aux véhicules porteurs de vignettes Crit’Air no 3, qui viendront après celles des « sans vignette » et des nos4 et 5. L’année 2024 verra le blocage des véhicules diesel (Crit’Air 2) et 2030 celui des véhicules thermiques (Crit’Air 1).

 

 

Cette succession de mesures pour réduire la place de la voiture à Paris s’ajoute aux difficultés matérielles et financières auxquelles doivent faire face tous ceux qui utilisent un véhicule par nécessité (routiers, coursiers, livreurs…). En outre, cette politique ultra-contraignante, qui relève parfois de la tartufferie, complique la tâche de ceux qui exercent des métiers où la fluidité de circulation est cruciale (urgentistes, pompiers…). La Ligue de Défense des Conducteurs s’insurge contre tous ces bâtons mis dans les roues des Parisiens et Franciliens, dont les problématiques de mobilité doivent aussi pouvoir être résolues en recourant à l’automobile. Sans ostracisme.