Entretien du réseau routier : quand le désengagement de l’Etat fragilise l’action des collectivités

Un nouveau rapport sénatorial sur l’état des infrastructures routières et autoroutières dresse un bilan alarmiste du réseau routier. Entre la baisse des subventions de l’Etat vers les collectivités locales et la baisse de l’investissement et de l’entretien des routes qui se réduit comme peau de chagrin, le point de rupture approche.

Le défaut d’entretien des routes : le symptôme d’une politique de sécurité routière malade

Les routes sont en piteux état, c’est un fait. Le rapport du Sénat du 8 mars dernier indique l’urgence de la situation. Non seulement, le défaut d’entretien des routes génère des coûts financiers importants mais il a des répercussions en termes de sécurité routière. 90,6 millions d’euros ont été prévus dans le projet de loi de finances de 2017 pour l’entretien préventif et les grosses réparations sur les chaussées. De plus, le rapport affirme : « (la) dégradation de l'état du réseau routier a des conséquences sur le terrain, puisqu'elle se traduit par la multiplication des limitations de vitesse temporaires ou des mesures de restriction de la circulation ». Cette citation confirme l’analyse de la Ligue de Défense des Conducteurs : le défaut d’entretien des routes est un facteur déterminant d’accident. Dans 40 % des accidents mortels le facteur infrastructure (nid de poule ; absence de rail de sécurité ; défaut de signalisation) est ainsi impliqué.

Une baisse permanente des subventions aux collectivités pour l’entretien des routes

Depuis 2011, la dotation générale de fonctionnement (subvention de l’Etat aux collectivités) n’a cessé de diminuer.

Cette baisse constante de la dotation générale de fonctionnement (DGF) a une responsabilité significative dans le défaut d’entretien des routes. Les collectivités locales ont ainsi vu leur part de subvention baisser de 5,2 milliards de 2011 à 2017. A titre d’exemple, les dépenses d'investissements des départements dans le réseau routier ont ainsi baissé de 30 %, passant de 4,7 milliards en 2008 à 3,3 milliards d’euros en 2014.

La solution : une politique volontariste de l’Etat en matière de sécurité routière

Au vu de ces chiffres, la dégradation des routes se devrait, en toute logique, d’être l’une des préoccupations majeures en termes de sécurité routière. L’entretien des routes, à l’opposé d’une politique du « tout répressif », est une solution pérenne aussi bien sur le plan financier que de la sécurité routière. Dès lors, l’Etat doit prendre ses responsabilités, admettre que les routes sont dans un état de plus en plus catastrophique, et utiliser l’argent investi dans l’achat de nouveaux radars dans la rénovation du réseau. A cet effet, la Ligue de Défense des Conducteurs a été à l’initiative, lors du vote du budget 2017, d’un amendement porté par le député Franck Marlin, visant à réaffecter l’argent investi dans les radars dans l’entretien et l’aménagement du réseau routier, amendement qui avait alors été co-signé par 54 députés cosignataires.

Et le combat continue, pour obliger les politiques à enfin stopper leur politique répressive, et mettre en place des solutions de sécurité routière efficaces, qui sauvent des vies sur les routes !