« Ma voiture, c’est un budget qui pèse énormément sur ma petite retraite. Je ne gagne que 850 euros par mois »

La commune de Grandhoux, rurale et isolée, est située à une quarantaine de minutes de Chartres. Nous y retrouvons Nadine, une ancienne engagée volontaire dans l’Armée de l’air qui a participé, après sa réformation pour raisons de santé, à des convois humanitaires pendant dix-sept ans, notamment en Bosnie. À 62 ans, elle vit entourée de ses chats et ne sort quasiment plus par plaisir, mais uniquement pour ses consultations médicales, faire ses courses ou par obligation. Ce qui ne l’empêche pas de considérer la voiture comme totalement indispensable, elle qui peine à marcher plus de 200 mètres.

Les problèmes de mobilité, Nadine est donc bien placée pour en parler : « Je dois me rendre deux fois par an en cure thermale, dans les Pyrénées et près de Royan. Il n’y aucun autre moyen que la voiture, sinon, c’est dix kilomètres pour aller à la première gare et se rendre jusqu’à Chartres, puis remonter à Paris pour redescendre jusqu’à Royan. Parvenue là, il faut reprendre un bus, et quand on arrive on est encore à deux kilomètres du centreville… Vous m’imaginez avec mon déambulateur, mon appareil de respiration, les bagages ? » C’est donc au volant de sa Renault Clio Estate que Nadine, qui a toujours énormément conduit, continue tant bien que mal à se déplacer. « Pourtant, c’est un budget qui pèse énormément sur ma petite retraite. Car je ne gagne que 850 euros par mois… Vous imaginez ce qu’il me reste pour vivre ? »

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Ne tombant jamais dans la fatalité, notre sympathisante a souhaité témoigner ici pour pouvoir se dire qu’elle a agi, à son niveau. Révoltée par les critiques à l’égard de la voiture, elle estime que celles-ci ne sont pas du tout justifiées, surtout quand on lui oppose la défense de l’environnement. « On veut nous culpabiliser, mais il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Quand on voit que nos véhicules au rebut partent ensuite, par exemple, en Afrique du Nord… Or, ils polluent autant là-bas qu’ici, n’est-ce pas ? Ça m’énerve ce genre de raisonnement, l’environnement cela concerne tout le monde, ce n’est pas en poussant le pion de 2 000 kilomètres que cela changera quoi que ce soit. »

Dans son quotidien d’automobiliste, hormis l’état des routes que Nadine, qui souffre du dos, juge catastrophique, notre militaire à la retraite rejette en bloc le principe des voituresradars privatisées, qu’elle a souvent vues à l’œuvre en Eureet-Loir : « On est persécutés par ces véhicules. Il y en a cinq ou six qui tournent dans mon département. Ici c’est de la toute petite route et ils vous talonnent, ils vous talonnent, au point vous ne voyez même plus leur plaque d’immatriculation ! Je ne me laisse pas affoler, mais ça ne fait que mettre la pression aux gens. Vraiment, ils cherchent, ils vous provoquent, ils vous poussent à doubler, à accélérer. Ce sont des dangers publics, et il ne faut pas se voiler la face, la sécurité routière n’a rien à voir là-dedans. » Une notion qui est pourtant primordiale aux yeux de celle qui a perdu son père dans un accident de la route, lorsqu’elle était jeune. Mais Nadine préconise plutôt le bon sens : « Il suffit d’un peu de jugeote, d’adapter sa vitesse, surtout quand on connait bien l’endroit où l’on circule. On sait qu’il y a tel virage, tel manque de visibilité, telle sortie de tracteurs, d’animaux, je suis assez intelligente pour me rendre compte des dangers qui pourraient se présenter et rester vigilante. Malheureusement ça arrange l’État de matraquer et de ne fonctionner qu’avec ces radars en se donnant bonne conscience, mais nous, on n’en peut plus de tout cette répression. »

Nadine n’attend cependant pas grand-chose des candidats à l’élection présidentielle sur leur politique liée à la voiture : « Ils s’en contrefichent. Franchement, en quoi ça les concerne ? » Tout est dit.