Suppression du permis à points, 150 km/h sur autoroute, gratuité des péages… Vos propositions aux candidats

Notre association a fait envoyer par des dizaines de milliers de Français ses 10 propositions-clés contre l'acharnement sur les conducteurs à l'ensemble des candidats à la présidentielle. Nos sympathisants avaient aussi la possibilité d'ajouter leurs propres suggestions… lesquelles se révèlent nombreuses et pertinentes, croisant, voire complétant celles de la Ligue de Défense des Conducteurs. Nous vous les exposons ici et nous en profitons pour remercier tous ceux qui ont voulu participer, à nos côtés, à la construction d’un socle de politique de sécurité routière intelligente.

Sur les 1 650 propositions envoyées à la Ligue de Défense des Conducteurs à destination des candidats à la présidentielle, une quinzaine sont revenues très fréquemment, que nous avons classées par catégories :

PERMIS DE CONDUIRE

-Suppression du permis à points.
-Suppression de la perte de point et/ou réduction de l'amende pour de petits dépassements de vitesse.
-Certificat d'aptitude à la conduite à faire passer régulièrement aux conducteurs les plus âgés.

TAXES-PÉAGE

-Abaissement des taxes sur les carburants.
-Abaissement du coût des péages ou gratuité des autoroutes pour rendre plus accessible ce réseau, le plus sûr.
-Taxation des véhicules étrangers, notamment les poids-lourds.

VITESSE-RÉPRESSION

-Abandon du 80 km/h et retour à 90 km/h sur l'ensemble du réseau secondaire.
-Abandon de la limitation de vitesse sur tout ou partie des autoroutes ou augmentation de la vitesse autorisée à 150 km/h sur autoroute et 100 km/h sur le réseau secondaire, au vu des prestations de sécurité actives et passives des véhicules actuels
-Adoption de limitations de vitesse claires et uniformes pour l'ensemble du pays, plutôt que la cacophonie actuelle.
-Abandon des villes entières à 30 km/h.
-Abandon des contrôles systématiques sur la vitesse au profit de contrôles ciblés sur les comportements dangereux (drogue au volant, absence de clignotant, non-respect des distances de sécurité, usage abusif de la voie centrale sur autoroute…).

INFRASTRUCTURES

-Suppression des dos d'ânes/chicanes/ralentisseurs, notamment illégaux.
-Investissement massif dans l'entretien des routes.
-Arrêt de la suppression/réduction des places de stationnement, fin des forfaits post-stationnements trop élevés et de la « course au PV de stationnement » par des opérateurs privés.

VÉHICULES

-Arrêt de la politique incitative pour les véhicules électriques, non-sens écologique sur l'ensemble de leur cycle de vie, et poussant à la mise au rebut de véhicules encore très performants ; et développement de la recherche pour les véhicules à hydrogène.
-Assouplissement ou abandon du contrôle technique, uniquement pour les deux-roues ou pour l'ensemble des véhicules.

D'autres propositions, parmi celles de nos répondants, nous nous ont paru intéressantes à relever. En voici une sélection :

Un système de « vitesse recommandée »

Certains conducteurs soumettent des propositions intéressantes en matière de limitations de vitesse, comme « l'adaptation des limitations de vitesse à l'environnement de la route et non à un dogme, afin notamment d'arrêter la prolifération des limitions à 30 km/h (et dos d'ânes associés) dans des zones où il n'y a jamais un piéton » ; « l'adaptation de la vitesse sur les périphériques autour des grandes villes en fonction de la circulation, comme on fait en Allemagne », ou encore « la modulation des limitations de vitesse selon l'heure », par exemple devant les écoles.

D'autres vont plus loin et proposent carrément d'explorer le système de la « vitesse adaptée » plutôt que celui des limitations de vitesse, ou bien soumettent l'idée de « panneaux de suggestion de vitesse dans les zones dangereuses" ou bien d'un "code de couleur avant une zone dangereuse (comme les pistes de ski) plutôt qu'une limite de vitesse ».

Quant à l'un de nos répondants, il suggère tout simplement la « participation des automobilistes à la définition et la cohérence des limitations de vitesse leur étant imposées ».

Maintien du permis pour les travailleurs

Concernant le permis à points et le système des amendes, certains conducteurs proposent « l'instauration d'un forfait (15-20 €) pour les petits excès de vitesses (- 10 km/h), sans retrait de points », ou bien de réduire le montant des amendes pour les petits dépassements (« 90 € pour 58 km ramené à 53 km, là où sans arrêt on passe de 60 à 70, 80, 90, 110, 50, parfois 30... c'est du racket. 90 €, c'est la moitié de mon budget nourriture mensuel ! » commente l'un de nos répondants), ou bien « l'abandon des sanctions pour des fautes qui ne pénalisent pas la sécurité » alors que d'autres suggèrent « d'instaurer un bonus de 1 ou 2 points par an en cas de conduite sans infraction », ou encore une « présomption de "bonne foi" pour le dépassement de quelques km/h des limitations, avec envoi d'au moins 1 rappel à l'ordre avant d'adresser une contravention, effaçable annuellement ».

Autre suggestion : l'arrêt du cumul des suppressions de points, « un criminel multirécidiviste ne cumule pas ses peines et est juste puni pour la peine la plus sévère, lui, contrairement aux automobilistes qui cumulent les suppressions de points, même les plus minimes ».

Le "permis blanc", permettant aux conducteurs de continuer à utiliser leur véhicule les jours de semaine pour travailler même en cas de perte ou suspension de permis, fait également partie des suggestions de nos répondants, dont certains rappellent à juste titre que pour certains travailleurs, le permis conditionne l'activité, et que la perte de celui-ci signe quasi automatiquement le licenciement et la "mort sociale".

Retour à la responsabilisation du conducteur

« En quinze ans, à force de tout miser sur la vitesse, on a lobotomisé une bonne partie des conducteurs, et ça ne va pas dans le sens d'une sécurité routière accrue, bien au contraire », note l'un de nos répondants. Un autre suggère ainsi la « suspension de toutes les mesures qui, en fait, par la répression ne font que déresponsabiliser les conducteurs et sont donc contre-productives ! Bien conduire, c'est bien SE conduire ! » De la même manière, un autre participant propose de « rendre l'automobiliste acteur de sa conduite, que son attention puisse être portée à ce qui se passe sur la route, à sa conduite, adapter sa vitesse en fonction des flux de circulation, et non pas être coincé sur son compteur kilométrique... Le bon sens ! »

Parmi ces mesures de responsabilisation, le « retrait de l'obligation pour les véhicules neufs à partir du 1er juillet 2022 d'être équipés d'une alerte sonore et visuelle de dépassement des limites de vitesse », propose un conducteur. « Nous sommes adultes, les "petits" dépassements des limites font partie de l'acte de conduire en bon père de famille, inutile de venir polluer l'attention et la concentration avec de telles nuisances ! »

Autres suggestions : « restreindre l'accès aux fonctionnalités du téléphone quand le véhicule est en mouvement », ou encore, dans un autre registre, « l'obligation de présenter un contrat d'assurance et un permis de conduire pour obtenir une carte grise (comme en Belgique) ».

Il est également proposé une « formation complémentaire et obligatoire lors des cours en vue de passer le permis de conduire à la conduite sur route mouillée et sur route verglacée. Il faut vraiment apprendre à conduire aux aspirants au permis de conduire et non pas bêtement à suivre les règles du code de la route ». Autre suggestion : la « mise en place d'une formation théorique (de quelques heures) de remise à niveau du code de la route gratuite tous les 5 ou10 ans de permis en tant qu'information et cela, sans aucune sanction" financée "par exemple, par les compagnies d'assurance », un autre conducteur proposant lui aussi de la formation continue financée par les assurances avec, par exemple « des journées thématiques de stages en situation (conduite sur pluie, en ville, révision du code, etc.) ».

Des mesures d'écologie intelligentes

Plutôt que l'écologie dogmatique et punitive que subissent actuellement les conducteurs, plusieurs d'entre eux proposent des mesures d'écologie intelligentes.
Outre la proposition récurrente de stopper les incitations à la voiture électrique qui n'a « aucun avenir » estiment plusieurs répondants, en raison de sa « mauvaise autonomie, temps de charge trop long » et de son impact écologique discutable ; et la suggestion, récurrente elle aussi, de développer à la place les véhicules à hydrogène, mais aussi d'autres technologies innovantes telles que le « macadam photovoltaïque », un répondant propose « l'attribution de la vignette Crit’Air 1 à tous les moteurs diesels postérieurs à 2018, dont les émissions de particules fines sont de 5 fois inférieures à celles du métro parisien et qui émettent en moyenne 25 % de CO2 en moins que les moteurs essence ».

Autres idées : « supprimer les stops » et les remplacer par des céder-le-passage afin de ne marquer l'arrêt que lorsque cela est nécessaire, et ainsi « cesser de mettre des gens à l'arrêt pour rien si ce n'est faire consommer les véhicules quels qu'ils soient » ; ou encore « la taxation carbone des communes sur l'implantation des dos d'ânes, des ronds-points et autres coussins qui provoquent freinage et accélération, donc surconsommation ».

Un répondant propose quant à lui « d'accélérer le développement des (vraies) pistes cyclables. En fait il n'y a pas de politique dans ce sens et il serait temps de prendre modèle sur nos voisins (Suisses, Allemands, Autrichiens…) et de combler ce retard inacceptable qui met les automobilistes dans des situations délicates et est dangereux pour les cyclistes », pendant qu'un autre conducteur suggère cependant « d'arrêter de faire croire que toute la population veut et peut faire du vélo dans tous les cas de figure toute l'année » : encore une fois, du bon sens !

Un meilleur contrôle des politiques de sécurité routière

Plusieurs conducteurs suggèrent que les politiques de sécurité routière soient mieux contrôlées, par exemple avec la création d'une « commission de surveillance de l'entretien des routes avec, comme membres de droit, les associations d'automobilistes pour 50 % et 2 représentants des services d'urgence (SAMU, pompiers), avec la possibilité de donner des amendes pour le non-entretien des routes ».

Autre proposition : « la création d'un organisme indépendant de sécurité routière axé sur une vraie connaissance de la définition du risque avec des experts compétents et neutres autres que ceux officiant uniquement dans la voirie routière et pas la sécurité routière » ; un troisième conducteur proposant de son côté la « création d'un service de contrôle indépendant (gendarmes, élus, associations d'automobilistes) pour arrêter les dérives gouvernementales (ex : 80 km/h) ».

Un conducteur suggère enfin, pour remettre à sa juste place l'incroyable débauche de moyens déployés actuellement pour traquer et punir les conducteurs de « porter à la connaissance de tous le tableau de l'Insee portant sur les causes de mortalités en France, sur lequel les accidents de la route arrivent en 23e position... »

La Ligue de Défense des Conducteurs ira porter bon nombre de ces propositions, très concrètes et pertinentes, auprès de nos dirigeants politiques - notamment les parlementaires - pendant et après les élections. Et ensemble, forts de vos témoignages et suggestions dans la droite ligne de notre combat, nous allons continuer à nous battre contre les mesures de répression arbitraires et inefficaces contre les conducteurs, pour y substituer une politique de circulation et de sécurité routière au service de tous.