La prévention et la formation aux risques climatiques, parents pauvres des mesures de sécurité routière

Parmi les causes d’accident de la route, les conditions météorologiques sont rarement soulignées. Elles constituent pourtant une part importante de la mortalité routière : près de 10 % hors agglomération ! Or des équipements adaptés et des méthodes de circulation en conditions dégradées existent. Il est donc temps de mettre l’accent sur la formation des conducteurs.

Peut-on quantifier le risque climatique ? Une étude a été menée par le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) en Haute-Normandie[1] : sur les routes hors agglomération, la météo y est à l’origine de 9 % des accidents mortels impliquant un véhicule de tourisme.

À l’échelle nationale, le Bilan de l’accidentalité de l’année 2015 de l’ONISR (Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière) précise ces chiffres : 11 % des personnes tuées en 2015 l’ont été par temps de pluie et 9 % dans d’autres conditions atmosphériques difficiles, à savoir « neige/grêle, brouillard/fumée, vent fort/tempête, temps éblouissant, temps couvert et autre ».

Par ailleurs, certains accidents graves dans lesquels la météo joue un rôle manifeste rappellent régulièrement à tous l’importance de l’environnement climatique dans les conditions de circulation. Par exemple, le manque de visibilité en cas de brouillard, la perte d’adhérence en cas de pluie ou de verglas sont des dangers importants.

Certes, une part de ces difficultés est imparable. Cependant, certains conseils et matériels peuvent réduire les risques pour que les conducteurs ne soient pas totalement démunis en pareilles circonstances. En un mot, la prévention en matière climatique peut-elle être essentiellement assurée par les bulletins météo ? Au regard de la part importante de ce facteur dans la mortalité routière, les pouvoirs publics se doivent d’engager une politique plus ambitieuse pour réduire la part de danger qui peut l’être.

L’innovation technique apporte certaines solutions. Par exemple, une aire de repos de l’autoroute A10 expérimente des capteurs qui surveillent le degré d’humidité de l’air, ainsi que la température et le taux de sel de la chaussée ; cela permet d’anticiper la survenue de verglas et, en conséquence, de saler les passages piétons. Si cette expérimentation était poursuivie et étendue, on peut imaginer l’intérêt de ce genre de procédé pour limiter les accidents de la route.

De même, les fabricants de pneus travaillent à des modèles qui permettront au pneumatique de transmettre des informations sur l’adhérence et sur la présence d’eau, de neige ou de verglas sur la route. Cela permettra au conducteur, au véhicule et/ou au pneu de s’adapter aux circonstances.

Avant même la matérialisation de ces progrès techniques, il importe de mettre l’accent sur les conseils de conduite en cas de météo difficile : une information sur l’usage des pneus hiver ou sur le chaînage des roues ; une formation pratique à la conduite sur route glissante ; une liste du matériel à emporter en prévision de ce genre de situation. La Ligue de Défense des Conducteurs est particulièrement attentive à ces éléments. En effet, il est nécessaire d’apporter une diversité de réponses à la multiplicité des facteurs d’accidents : face à l’imprévu sur la route, il est urgent de faire confiance au discernement des conducteurs responsables. En tout cas, institutions et médias doivent diffuser davantage de messages préventifs sur la conduite en météo dégradée. En effet, il n’est pas acceptable que ces informations utiles à tous trouvent un écho essentiellement après un accident grave.

 


[1] Analyse des accidents mortels impliquant une voiture de tourisme en Haute-Normandie entre 2009 et 2010, Cerema, juin 2013