Le fiasco de la politique ultra répressive française

Toujours plus de radars, toujours plus de répression et une mortalité routière en hausse pour la troisième année consécutive, une première depuis 1972 : en France, classée 12e à l'échelle de la mortalité routière en Europe, la politique du tout-répressif a fait la preuve de son échec. A l'inverse, plusieurs pays européens ont mis en place des politiques de sécurité routière moins répressives, plus justes... et plus efficaces !

À l’inverse de la politique de sécurité routière française, basée sur un système de répression massive et automatisée, et dont les résultats sont catastrophiques, certains pays européens ont une stratégie différente, et efficace, pour faire baisser la mortalité. L’Espagne, l’Angleterre ou encore le Danemark sont des exemples à suivre.

Le Danemark augmente ses limitations de vitesses à la suite d’expérimentations concluantes

Au Danemark, où la limitation de vitesse était de 80 km/h sur le réseau secondaire, une expérimentation à 90 km/h a eu lieu sur 18 tronçons routiers entre 2011 et 2014. Durant cette période, 15 accidents et 11 personnes blessées ont été recensés chaque année contre 18 accidents et 13 blessés avant l’expérimentation.

Au regard de la réussite de cette expérience, les autorités danoises ont décidé d'augmenter à 90 km/h la vitesse maximale autorisée sur certains axes du réseau secondaire. Certains tronçons autoroutiers verront même leur limitation de vitesse passer de 110 à 120 km/h. Le ministre des Transports Ole Birk Olesen a ainsi déclaré : « nous augmentons la vitesse car l’expérimentation opérée sur certains tronçons routiers a été concluante ».

Malgré les résultats concluants de cette expérimentation, qui a montré l’efficacité d’une augmentation de la limitation de vitesse dans un pays où le taux de mortalité routière est bien inférieur au nôtre (3 morts pour 100 000 habitants contre 5,4 en France en 2015), le gouvernement français va pourtant dans le sens inverse, avec son expérimentation de l'abaissement à 80 km/h actuellement en cours dans trois départements, et dont la généralisation est toujours en suspens.

Pourtant, les premiers résultats confirment l'impact nul, voire contre-productif de cet abaissement sur la mortalité routière, avec 4 accidents en un an contre 3 l'année précédente sur la RN 151, dans l’Yonne et la Nièvre.

La Grande-Bretagne pratique une vraie tolérance pour les usagers raisonnables

Figurant parmi les meilleurs élèves d’Europe, avec 2,9 tués sur la route pour 100 000 habitants contre 5,4 en France en 2015, l’Angleterre pratique une tolérance de 10 à 15 km/h au-dessus de la limitation de vitesse pour éviter de sanctionner inutilement les petits dépassements non-dangereux. Un pragmatisme dont feraient bien de s’inspirer nos gouvernants. En effet, selon l’un des membres du comité des transports du Parlement britannique : « une répression qui se concentrerait sur les petits excès de vitesse générerait trop de controverses. Si vous augmentez la marge de tolérance, vous ciblerez davantage ceux qui pourfendent les règles bien au-delà des limites. »

Résultat : seuls un million de Britanniques ont été verbalisés pour excès de vitesse en 2015, contre 13 millions de PV envoyés aux conducteurs français la même année.

Au-delà de cette politique qui ne sanctionne pas les petits dépassements non-dangereux, c'est toute la politique britannique de limitation de vitesse sur le réseau secondaire qui bouscule les croyances des dirigeants français. La limitation de vitesse sur le réseau secondaire britannique est ainsi plus élevée qu’en France (97 km/h) et pourtant la part de la mortalité routière y est toujours moins élevée : 61 % contre 64 % en France en 2014.

Le nombre de morts en Espagne a été divisé par quatre depuis 2003

En France, depuis 2003, les gouvernements successifs ont fait passer au second plan des solutions ayant fait leurs preuves durant les décennies précédentes en matière de réduction de la mortalité, notamment la prévention, la formation, ou les contrôles ciblés sur les vrais comportements dangereux.

En Espagne, où la sécurité routière est l’une des priorités des pouvoirs publics, ceux-ci ne punissent pour autant pas de manière injustifiée les personnes qui conduisent normalement. La double peine pour les petits excès de vitesse de moins de 20 km/h ne s’applique par exemple pas : les conducteurs payent une amende mais ne perdent pas de points. Pour rappel dans l’Hexagone, les petits dépassements concernent 96 % des excès de vitesse.

Des contrôles ciblés systématiques sur l’alcool et la drogue, pour ceux qui sont soupçonnés d’en avoir consommé, sont par ailleurs effectués tous les jours. Les campagnes de prévention sont multipliées et les peines sont très sévères.

Avec ces mesures, l’Espagne a réussi à divisé par quatre la mortalité routière depuis 2003. Sur la même période, la France a divisé la sienne par 1,65.

Plutôt que de mettre en place une politique de sécurité routière qui condamne lourdement tous les conducteurs, l’accent doit être mis sur les usagers de la route qui ont de vrais comportements dangereux.

La conclusion de cette comparaison est sans appel : augmenter le nombre de radars chaque année, traquer et punir massivement l'ensemble des conducteurs comme s'ils étaient tous des "délinquants de la route", et baisser de façon systématique les vitesses sur les différents axes routiers s'avèrent être des mesures au mieux inutiles, et au pire, contre-productives.

Entre 2013 et 2016, la France a connu une hausse de la mortalité routière de 6,15 %, avec 200 morts supplémentaires.

Il est grand temps que les pouvoirs publics changent radicalement de politique, et mettent enfin en place une sécurité routière juste et efficace.

A l'occasion de l’élection présidentielle, la Ligue de Défense des Conducteurs interpelle ainsi l'ensemble des candidats, pour qu'ils s'engagent à mettre en place une sécurité routière vraiment efficace au service des conducteurs et non pas contre eux.