Sur autoroute, les pouvoirs publics négligent la première cause de mortalité pour s'acharner sur la vitesse

À la différence de l’excès de vitesse qui est mesurable et donc facile à sanctionner, la somnolence nécessite surtout de la prévention. Au lieu de quoi, la France s’enferme dans la monoculture du radar, alors que la somnolence, et non pas la vitesse, est bien la première cause d’accidents mortels sur autoroute, et une source importante d'accidents sur les autres réseaux.

En 2015, sur les autoroutes concédées, un quart (24%) des accidents mortels étaient dus à la somnolence ou à la fatigue. De même (26 %) pour la période 2011-2015 (données ASFA). Sur les routes hors agglomération, cette proportion était de 8 % en 2009-2010 (étude Cerema, 2013). Les causes ? Le manque de sommeil ; la prise d’alcool, de médicaments ou de stupéfiants ; des problèmes de santé aussi : « la narcolepsie, les apnées du sommeil, la dépression ou une insuffisance cardiaque » (source ONISR, 2015).

Malgré ce constat, les pouvoirs publics s'obstinent, au lieu de jouer leur nécessaire rôle de prévention, à tout miser sur une répression automatisée et massive de la vitesse sur autoroute... beaucoup moins coûteuse, et beaucoup plus rentable !

Pourtant, de nombreuses solutions simples existent déjà pour lutter contre le fléau de la somnolence : l'une d'entre elles viendra peut-être des détecteurs de somnolence qui équipent de plus en plus de véhicules. La détection de la somnolence peut se faire par une caméra qui compare le marquage au sol et la trajectoire de la voiture. Elle peut aussi se faire par l’analyse du visage du conducteur pour y déceler les signes d’une baisse de vigilance. Le Volvo XC60 alliera ces deux modes de détection. Le véhicule alerte ensuite le conducteur par un signal sonore, un voyant, un message ou des vibrations. Les systèmes les plus perfectionnés peuvent freiner ou immobiliser le véhicule sur la bande d’arrêt d’urgence.

Une autre façon de lutter contre la somnolence est d’équiper la route de façon à ce qu’elle prévienne le conducteur du danger. Depuis le 1er juillet 2012, des bandes d’alerte sonores sont ainsi obligatoires sur les autoroutes. Sur la rive droite de la chaussée, ces bandes provoquent des bruits et des vibrations dans le véhicule. Un conducteur somnolent peut alors corriger sa trajectoire. C’est ce genre d’initiative et bien d’autres qui ont permis à la Suède de réduire sa mortalité routière de façon exemplaire. Par ailleurs, le constructeur Renault et la société d’autoroutes Sanef coopèrent afin de faire communiquer des véhicules entre eux et avec la route. Dans l’avenir, ces interactions permettront d’éviter des accidents lorsque la vigilance du conducteur est altérée.

Le conducteur a aussi un rôle essentiel à jouer dans l’amélioration de la sécurité de tous sur les routes, notamment en s’inspirant de quelques conseils de bon sens. Par exemple, il est souhaitable d’éviter les créneaux horaires de la moitié des accidents mortels dus à la somnolence : 4h-8h et 14h-16h (source ONISR). Bien dormir la veille. Ne manger ni trop gras ni trop sucré. En cas de fatigue, s’arrêter pour une sieste de 15 mn. Faire une pause de 20 mn toutes les 2h. Passer le volant.

La Ligue de Défense des Conducteurs souligne que la somnolence est un domaine où la responsabilisation du conducteur accroît la sécurité. Plutôt qu'un acharnement sur la vitesse, un plan massif de prévention doit donc accompagner l’amélioration technique des véhicules et de la route.