Un noyau dur de députés, de tous bords, qui s'engagent

 

 

Face à l'armada de radars invisibles que le gouvernement veut déployer, notamment les voitures-radars qui vont s'infiltrer un peu partout dans le flot de la circulation pour flasher les moindre dépassements de vitesse, la Ligue de Défense des Conducteurs a engagé la contre-attaque.

Les députés ont été submergés de lettres-pétitions et d'emails de colère.

148 d'entre eux ont déjà répondu. Mais beaucoup plus important, certains députés ont le courage de s'engager clairement contre ces radars. Extraits.

 

Marie-Françoise BECHTEL, députée PRG apparentée PS de l'Aisne (02)

"Une politique de Sécurité routière doit répondre à un impératif : rendre plus sûr cet espace partagé qu'est la route. La question légitime que vous posez est de savoir si le nombre croissant de radars invisibles permet de répondre à cet impératif.

Pour moi la réponse est non : notre politique de sécurité routière ne peut se concentrer sur le déploiement de radars invisibles.

Je partage aussi le sentiment d'exaspération des conducteurs signataires de votre pétition. La répression de la violence routière ne passe pas par la verbalisation de faibles excès de vitesse mais par des actions plus ciblées qui visent les véritables délinquants qui plus que leur vie mettent la vie des autres usagers de la route en jeu".

 

Alain BOCQUET, député PCF du Nord (59)

« J’ai pris connaissance avec attention de vos observations. Dans le prolongement, je vous prie de trouver, sous ce pli, copie de la démarche engagée auprès de Monsieur Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur »

Courrier au ministre de l’Intérieur :

« Certes, la sécurité des usagers est une priorité qu’il ne faut en aucun cas négliger mais, force est de constater, comme le précise la campagne organisée par la Ligue de Défense des Conducteurs, les limites des radars en matière de lutte contre la mortalité routière.

Aucune concertation ne semble avoir eu lieu avec les associations et tous les paramètres n’ont pas été étudiés. Les statistiques sur la mortalité routière demandent que soient mises en perspective toutes ses causes : la vitesse bien entendu, l’alcool, les stupéfiants, le mauvais état de certaines routes, l’augmentation de la circulation et du nombre de véhicules…

Il ne semble pas que cette démarche ait été engagée »

 

Patrice CARVALHO, député PCF de l’Oise (60)

« Je fais suite à votre courriel du 6 avril dernier par lequel vous me transmettez les signatures de 5 nouveaux habitants de ma circonscription opposés au retrait des panneaux avertissant de la présence de radars. Je partage complètement ce point de vue et j'ai déjà eu l'occasion de le dire. J'y ajoute mon indignation face à la décision gouvernementale annoncée hier de confier à des entreprises privées l'utilisation des radars mobiles embarqués dans des voitures banalisées aujourd'hui confiées à des gendarmes et à des policiers. C'est la porte ouverte à toutes les dérives, qui n'ont que peu à voir avec la sécurité routière. »

 

Gilbert COLLARD, député FN du Gard (30)

« J’ai bien pris connaissance de votre pétition dont j’approuve pleinement la teneur. En fait, je suis opposé à tous les contrôles automatiques de vitesse qu’ils soient masqués ou non. La raison en est simple, les clichés sont souvent de mauvaise qualité et ne permettent pas d’identifier le conducteur. Donc ceux qui peuvent s’offrir les services d’un avocat sauveront leurs points. »

 

Jean-Michel COUVE, député LR du Var (83)

« J’ai bien reçu votre pétition concernant l’abus d’usage des radars invisibles. Je partage en tous points vos avis. Tout d’abord, à mon sens, une politique efficace de sécurité routière ne saurait se limiter à l’implantation de radars contrôlant la vitesse des automobilistes et il est faux de considérer ces radars comme essentiel facteur d’amélioration de la sécurité routière ne serait-ce que du fait que, malgré leur multiplication, nous constatons certains mois, hélas, des augmentations de la mortalité routière. Quant à l’effet « piège » des radars invisibles, je considère qu’il contrevient à l’indispensable prise en compte du sens des responsabilités des citoyens automobilistes et que l’abus de leur utilisation ne constitue qu’un faux fuyant de communication de la part du Gouvernement alors même qu’il devrait prendre d’indispensables mesures dont il ne fait pas état. Entre autres :

- Corrections des défauts de signalisation routière en mains endroits du réseau routier.

- Réforme substantielle du permis de conduire, de façon à apprendre réellement au candidat à se comporter au volant en toutes circonstances de circulation »

 

Marie-Louise FORT, députée LR de l'Yonne (89)

"Les mesures visant à lutter pour la sécurité sur les routes doivent permettre l’obtention de résultats tangibles de réduction de mortalité. Comme vous, je considère qu’une politique de sécurité routière efficace ne saurait être réduite à un seul objectif, celui de générer des recettes fiscales."

 

Antoine HERTH, député LR du Bas-Rhin (67)

« J’ai bien reçu votre courrier par lequel vous me faites part de votre opposition à la politique de sécurité routière actuellement menée, politique qui se traduit par le déploiement de radars désormais « invisibles » sur le territoire. Je vous en remercie. Je partage votre sentiment : une politique efficace de sécurité routière ne saurait se limiter à l’implantation de radars contrôlant la vitesse des automobilistes. D’ailleurs, les progrès considérables observés en matière de sécurité routière n’ont pu être obtenus qu’en agissant sur les multiples facteurs d’un accident : les infrastructures (conception et entretien des routes), les véhicules (sécurité passive et active), et les comportements des usagers (formation, communication, respect des règles). »

 

Francis HILLMEYER, député UDI du Haut-Rhin (68)

"Nous devons, en outre, prendre garde à ne pas privilégier une politique du tout-répressif, au détriment de la prévention et de l’information, dont les effets seraient contreproductifs.

La lutte contre l’insécurité routière doit avant tout inclure une sensibilisation aux dangers de la route, notamment auprès des nouvelles générations de conducteurs, chez qui les accidents de la route sont la première cause de mortalité."

 

Guénhaël HUET, député LR de la Manche (50)

« Je ne suis pas favorable à la multiplication des radars invisibles dont la première conséquence est effectivement de retirer des points à des conducteurs qui n’ont pas commis d’excès de vitesse significatifs. A cet égard je pense que les textes devraient être adaptés et assouplis afin que le retrait de points n’intervienne qu’au-delà d’un seuil de tolérance par rapport à la vitesse maximale. »

 

Jacques KRABAL, député PRG de l'Aisne (02)

"Vous m’interpellez par votre lettre-pétition au sujet des radars invisibles. Sachez que je considère votre position contre la généralisation de ces radars tout à fait légitime. En effet, à l’image de nombreux concitoyens, je partage vos arguments qui démontrent la non-efficacité de ces contrôles radars invisibles sur les taux de mortalité au volant."

 

Jean-Luc LAURENT, député MRC du Val de Marne (94)

"Je suis convaincu qu’une autre politique de sécurité routière est possible. […] La répression routière à outrance des excès de vitesse suit aujourd’hui la loi des rendements décroissants, pénalisant en tout premier lieu certaines professions et suscitant l’exaspération légitime des automobilistes sans pour autant nous prémunir du fléau de la mortalité routière. L’automobiliste doit être responsabilisé mais il ne doit pas être traité comme une vache à lait de Bercy."

 

Franck MARLIN, député LR de l'Essonne (91)

« De nombreux adhérents et sympathisants de la Ligue de Défense des Conducteurs m'adressent une lettre pétition relative à la généralisation des radars invisibles. Je me réjouis sincèrement du succès de la mobilisation que vous avez initiée. Elle témoigne de l'écoute attentive et croissante des conducteurs responsables aux combats, fondés et argumentés, menés par votre association, et elle est aussi le parfait reflet du sentiment des Français devant les mesures prises en matière de sécurité routière et que vous dénoncez, comme moi, depuis de nombreuses années. […]

Une autre et une véritable politique en matière de sécurité routière est possible. Vous savez que nous partageons pleinement cette vision et cet objectif.

Dès lors, je ne peux donc que m’opposer à cette nouvelle forme de répression par le biais de nouveaux radars invisibles voire détournés de leur fonction initiale, tels que les radars de chantiers, qui sous couvert de la sécurité des usagers de la route est avant tout rémunératrice.

Vous avez, une fois encore et fidèle à mes engagements, tout mon soutien. »

 

François ROCHEBLOINE, député UDI de la Loire (42)

"Vous comprendrez que je suis sensible à la démarche de la Ligue de Défense des Conducteurs, et c'est pourquoi j'ai tenu à intervenir en posant une question écrite à Monsieur le Ministre de l'Intérieur."

Question écrite no 15-00148 :

« M. François Rochebloine attire l’attention de M. le ministre de l’Intérieur sur la nécessité de redéfinir les objectifs et les modalités de la politique de répression routière menée à l’aide de radars automatiques fixes ou mobiles. En multipliant le nombre de radars embarqués et de fait invisibles pour les automobilistes, c’est une nouvelle approche des contrôles qui s’impose de fait. Cette politique qui consiste à généraliser le contrôle et la sanction automatique place les conducteurs dans une position pour le moins inconfortable, dans la mesure où nombre de véhicules ne disposent pas d’un équipement de navigation adapté et que nos infrastructures routières souffrent de retards considérables en termes de mises aux normes et de requalifications. Le déploiement de moyens aussi considérables pour traquer les conducteurs pose de vraies questions et une proportion forte de nos concitoyens conducteurs usagers de la route, émet des réserves quant à la généralisation des radars « invisibles », mobiles ou embarqués, de l’usage des drones, des radars leurres… Dans le même temps, il observe qu’aucune réflexion n’est engagée pour améliorer la vie des conducteurs à titre professionnel. Certes, cette politique répressive va permettre d’accroître les recettes résultant de l’augmentation sensible du nombre de PV, mais cette conception de la sanction automatique et financière a ses limites. Aussi, il lui demande de bien vouloir lui préciser si ce dossier fait l’objet d’une réflexion interne au Gouvernement. »