Taxe sur le poids : WWF est à la masse !

Il y a quelques jours, l'association célèbre pour le panda de son logo a initié une campagne anti-SUV. Son analyse est bâclée et bourrée d’approximations, mais ça n’a pas empêché le gouvernement d’emboîter le pas à WWF et d’ajouter un amendement pour taxer le poids des voitures au Projet de loi de finances 2021. Après avoir juré, fin septembre, que cette mesure n’était pas d’actualité ! C’est reparti pour un tour d’incohérences, de décisions au doigt mouillé… dont les premières victimes sont les automobilistes. Nouveau coup de gueule de la Ligue de Défense des Conducteurs.

Les Français ont envie de rouler dans des véhicules hauts. Comme tous les autres habitants de la planète au demeurant, c’est une tendance qui se constate partout dans le monde. Ces modèles qui sont noyés sous l’appellation SUV et qui, pour la plupart, n’en sont en pas : les plus vendus (Renault Captur, Peugeot 2008…) sont en réalité des “crossovers”, et ne sont ni des 4x4 ni même des tout-chemins. Bref, ces voitures plus hautes, offrant davantage de volume intérieur et dont la position de conduite procure un sentiment de sécurité aux yeux de nombreux utilisateurs, ont la faveur du public. Or, non seulement le gouvernement souhaite vous obliger à acheter des électriques dont vous ne voulez majoritairement pas (malgré des primes aux montants déraisonnables, leur part atteint péniblement 5 % des ventes de voitures neuves), mais de surcroît, il va vous empêcher d’acheter les SUV dont vous avez envie !

Car voilà la taxe au poids qui revient sur le tapis, histoire d’alourdir des taxes déjà délirantes indexées sur le seul CO2 (un gaz à effet de serre, les polluants, eux, n’étant pas visés). Merci WWF, qui vient d’en remettre une grosse couche… Comme le gouvernement souhaite verdir son image, autant écouter le premier organisme anti-voiture qui passe et gober tout cru son discours, sans même consulter la filière automobile, cela va de soi. Mais il se trouve que WWF se plante dans son analyse, et pas qu’un peu. En effet, l’association célèbre pour son enseigne au panda considère qu’un SUV mesure en moyenne 26 cm de plus en longueur et pèse 200 kg de plus que la berline dont il dérive. Oui, et alors ? Chez WWF, où on doit sans doute avoir choisir la téléportation comme mode de déplacement, on a visiblement un peu de mal à se mettre en situation d’achat !

Mauvaise cible

Entre autres, l’association imagine que les clients hésitent, si l’on prend Peugeot en exemple, entre une 208 et une 2008. Erreur : ceux qui achètent un 2008 hésitent majoritairement avec une… 308. Soit parce qu’ils veulent remplacer leur 308 en optant pour un véhicule plus “tendance”, soit parce qu’ils roulent en 208 et qu’ils ont besoin d’un modèle plus gros, pour des raisons qui leur sont personnelles et qu’a priori, dans une démocratie, aucune association ou gouvernement ne doit pouvoir contester. Une catégorie au-dessus, le 3008 à succès, a ainsi récupéré une grosse partie des clients de la 508, berline dont la diffusion est devenue symbolique.

Du coup, un 2008 est certes plus long de 24 cm et plus lourd de 100 kg qu’une 208 (et non 200 kg), mais par rapport à une 308 qui constitue son univers direct de concurrence, il n’est que 5 cm plus long, pour une masse identique ! Bien sûr, pour l’heure ces modèles populaires restent largement sous la barre des 1 800 kg, fixée (au doigt mouillé) pour déterminer la première taxe au poids que veut imposer le gouvernement, dans son amendement au Projet de loi de finances 2021. Mais il ne fait pas l’ombre d’un doute que ce seuil sera progressivement abaissé, afin de toujours mieux presser le portefeuille des automobilistes sous prétexte d’écologie.

Délit de sale gueule

Relevons un autre paradoxe, né de la bien-pensance : il est évident que le marché du monospace, devenu moribond, s’est massivement reporté vers les SUV. Pourquoi ces SUV seraient-ils si méchants et si néfastes pour la planète, pendant que les monospaces seraient considérés comme de gentilles familiales ? Les gabarits et masses de ces deux catégories sont pourtant équivalentes ! Or les monospaces sont omniprésents sur le marché depuis maintenant un bon quart de siècle (le premier Renault Espace est sorti en 1984, le premier Scénic en 1996), sans avoir soulevé l’ire des donneurs de leçon.

Terminons avec un détail qui n’en est pas un : la stagnation momentanée des émissions des CO2 en France, entre 2016 et 2019, n’a pas été liée à la progression des ventes de SUV et dérivés, mais à la diminution des ventes de modèles diesels (moins émetteurs de dioxyde de carbone)… sous la forte pression des écolos. WWF fait tout autant preuve d’incohérence que le gouvernement. Ça rapproche, forcément !