Taxes et amendes : mais comment fonctionnerait la France sans l'automobile ?

Dans le Guide 2020 des taxes de l'Association des constructeurs automobiles européens, on découvre que la France a perçu près de 84 milliards d'euros de taxes à la consommation automobile en 2018 (dernières données disponibles). Les PV, eux, ont rapporté 1,65 milliard d'euros en 2019. Au lieu de stigmatiser les conducteurs tout au long de l'année, l'Etat devrait leur ériger des statues.

Les automobilistes sont-ils des contribuables comme les autres ? Non, si l'on en croit l'attitude de notre gouvernement à notre égard : son seul souci semble consister à toujours plus nous taxer et nous dénigrer… C'est oublier un peu vite notre immense participation aux recettes fiscales du pays. Les chiffres ci-dessous prouvent que nous ne méritons pas cette ingratitude.

34 % des recettes fiscales du pays

Ainsi que le révèle le Guide des taxes 2020 de l'ACEA (Association des constructeurs automobiles européens)*, l'Etat français a encaissé, en 2018, 83,9 milliards d'euros de taxes automobiles, sur un total de 248 milliards d'euros de recettes nettes la même année. Faites le calcul : en achetant nos voitures, en mettant de l'essence dans le réservoir, en réglant les péages… nous contribuons à hauteur de 34 % au budget de la France. Et toujours avec plus de dévouement, puisque la somme n'était "que" de 79 milliards d'euros en 2017. Soit une hausse de 6,2 % d'une année sur l'autre…

Sans surprise, notre plus gros poste de contribution reste les carburants et lubrifiants. Tous les 1 000 litres vendus, l'Etat français récupère en effet 683 € pour l'essence et 594 € pour le gazole. Soit, au total, une manne de 42,8 milliards d'euros en 2018… en hausse de 9,2 % par rapport à l'année précédente ! Suit la TVA sur les ventes de véhicules, la réparation, les pièces… qui permet aux recettes fiscales d'enfler de 18,5 milliards d'euros (+ 3,9 % par rapport à 2017). Troisième poste le plus lucratif, les péages, qui ont rapporté 12,6 milliards d'euros l'an passé à l'Etat (+ 3,3 %). Le solde de nos généreuses cotisations est constitué de la carte grise, des prélèvements sur nos assurances, de la taxe sur les véhicules de société (TVS), du timbre fiscal à débourser pour le permis de conduire…

Les PV, cerises sur le gâteau

Le hasard de l'actualité veut qu'au moment de la publication du guide de l'ACEA, la Cour des comptes dévoile le détail des recettes des PV routiers, pour 2019 cette fois. La somme encaissée dans le cadre des radars automatiques, amendes forfaitaires et autres contraventions apparaît comme une jolie prime ! Comme le détaille l'article que le site Caradisiac consacre au sujet**, cette recette est de 1,65 milliard d'euros – dont 760 millions pour les 4 094 radars automatiques en état de fonctionner.

La France reconnaissante ?

À l'heure de la crise du coronavirus, où les constructeurs et équipementiers rivalisent d'imagination pour accompagner l'effort sanitaire, où des flottes entières de voitures sont attribuées au personnel soignant pour faciliter ses déplacements, et où la crise économique semble inévitable à la suite de longues semaines de confinement, l'Etat pourrait-il enfin envisager de mieux traiter le monde automobile ? En particulier, ceux qui le font vivre en achetant des voitures et en circulant… À la Ligue de Défense des Conducteurs, nous n'attendrons cependant pas la réalisation de ce vœu pour continuer à nous mobiliser, afin que soit enfin reconnue à sa juste valeur la contribution des conducteurs à la santé économique de notre pays.

* https://acea.be/uploads/news_documents/ACEA_Tax_Guide_2020.pdf

**https://www.caradisiac.com/radars-des-recettes-en-baisse-comme-jamais-182851.htm