Signaler les voitures-radars ? Un projet de loi soutenu par la Ligue de Défense des Conducteurs

Difficile d’associer le principe des voitures-radars privatisées - déléguer leur conduite à des chauffeurs privés - à l’amélioration de la sécurité routière. À la Ligue de Défense des Conducteurs, nous y voyons plutôt une juteuse source d’espèces sonnantes et trébuchantes pour l’État, en piégeant automobilistes et motards. Aussi la proposition de loi du député Pierre Cordier, « visant à rendre obligatoire la signalisation des radars mobiles », nous apparait-elle ultra pertinente.

Voici une fois de plus Pierre Cordier aux côtés des conducteurs. Attentif aux questions de sécurité routière, le député LR des Ardennes avait déjà demandé à Emmanuel Macron, dans un courrier de juillet 2020, d’inclure la réparation des routes françaises au plan de relance économique. Une démarche que notre association, forte d’une étude sur la dégradation des infrastructures, avait largement soutenue.

Aujourd’hui, c’est d’une autre action pionnière qu’il s’agit : déterminer la réaction possible face au déploiement, dans nos régions, de voitures radars conduites par des employés d’entreprises privées. Puisque les radars fixes sont signalés en amont par des panneaux indiquant aux conducteurs qu’ils entrent dans une zone de contrôle, pourquoi ces véhicules, par essence discrets car banalisés, ne seraient-ils pas au contraire parfaitement reconnaissables dans la circulation ? C’est en tout cas le sens de la proposition de loi de Pierre Cordier, déjà cosignée par une quarantaine de ses collègues de l’Assemblée nationale. À la Ligue de Défense des Conducteurs, même si le principe des voitures-radars privatisées nous rebute, cette proposition nous semble frappée du bon sens. Leur côté « cash-machine » serait au moins atténué, si on pouvait les repérer grâce à un gyrophare ou à une couleur de carrosserie bien visible… Car n’oublions pas, comme nous l’avions récemment révélé, que chacun de ces véhicules rapporte, en moyenne, 194 000 € par an à l’État (lire ici) ! Un calcul largement médiatisé qui a fortement concouru à l’émergence de ce sujet à l’échelle nationale…

Voitures-radars : déjà 9,2 % des PV pour excès de vitesse !

Coïncidence ? Le ministère de l’Intérieur vient de diffuser des informations précises sur la capacité de nuisance de ces véhicules*, au nombre de 385 au 1er janvier 2021 (302 conduits par des représentants des forces de l’ordre, les 83 restants par des chauffeurs privés). Sachant qu’à terme, ils seront 450 déployés sur toute la France (lire ici), tandis que policiers et gendarmes seront systématiquement remplacés au volant par Monsieur et Madame Tout-le-monde... Il ressort par ailleurs de ce communiqué que là où ces voitures banalisées sévissent déjà, les procès-verbaux qu’elles émettent représentent « 9,2 % des contraventions établies suite à un excès de vitesse détecté par un radar ». Un rendement qui ne demande qu’à s’envoler !

Dans ce contexte, les arguments de Pierre Cordier, détaillés dans une longue interview au site Atlantico, sont ceux d’un habitué de la route : il ne cherche pas à échapper aux contrôles. Simplement, il souhaite que le conducteur ne soit pas systématiquement associé à une vache à lait. Surtout, il préfère qu’au volant, son « temps de cerveau disponible » soit mobilisé sur l’anticipation des risques pour éviter les accidents et non sur la crainte de croiser ou de doubler un véhicule potentiellement flasheur… D’autant que les chauffeurs de voitures-radars privatisées n’ont pas pour mission d’intercepter les auteurs d’infractions routières, ni même de faire de la prévention. Pas question donc de compter sur eux pour arrêter un automobiliste à la conduite dangereuse, qui pourrait menacer la sécurité des autres usagers de la route : ils ne sont pas là pour ça.

Pour mettre un frein à la politique du tout radar, La Ligue de Défense des Conducteurs soutient naturellement la proposition de loi de Pierre Cordier. En effet, la signalisation officielle des véhicules radars dissuadera les comportements vraiment dangereux, tout en réduisant le stress des conducteurs responsables. Ces derniers pourront donc concentrer leur attention sur leur environnement routier et ainsi accroître la sécurité de leurs déplacements.

*Les détails sont à retrouver en intégralité en cliquant ici.