Tronçons à 80 km/h : ni test ni expérimentation mais du bricolage !

Le ministre de l’Intérieur vient de divulguer les tronçons qui feront l’objet d’une « expérimentation » de l'abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h. La mesure stigmatise une fois encore la vitesse pour mieux masquer les carences des infrastructures routières. La Ligue de Défense des Conducteurs (LDC) dénonce une pseudo expérimentation.

Christiane Bayard, secrétaire générale de la LDC rappelle que « les infrastructures routières sont en cause dans 40 % des accidents mortels. En matière de vitesse ce ne sont pas les petits dépassements de la vitesse réglementaire qui sont les plus dangereux mais bien la vitesse inadaptée aux circonstances ».

Le ministère de l’Intérieur résume à la vitesse la dangerosité de 3 tronçons connus depuis des années. On pouvait déjà s’étonner qu’en dépit des appels répétés des édiles locaux rien n'ait été fait depuis plus de 20 ans. Des aménagements conséquents ont été réclamés à corps et à cris. Or, plus que la vitesse, ces mêmes élus régionaux remettent en cause les infrastructures des tronçons « tests ».

Effectivement, au fil des ans, en raison de l’évolution du trafic, la configuration de ces  tronçons s’est révélée inadaptée. Sur ces tracés, la grande majorité des accidents relève de chocs frontaux. Ce n’est pas une baisse de vitesse de 10 km/h qui permettra d’échapper à ces accidents. Pire, cette mesure risque même d’être accidentogène. Camions et voitures roulent à la même vitesse et tout dépassement deviendra plus périlleux encore. Pour comble, la vitesse moyenne relevée sur la RCEA baptisée « route de la mort » est déjà inférieure à 80 km/h !

Pour Christiane Bayard, « la sécurisation de ces tronçons nécessite des aménagements en deux fois deux voies. Réduire la vitesse pour toute panacée devient criminel ». 

Par un tour de passe-passe, la vitesse est stigmatisée. Elle devient responsable de tous les accidents qui jalonnent nos routes. Pour la LDC, c’est la qualité des infrastructures qui est à mettre en cause. Christiane Bayard souligne que « cette ''expérimentation'' masque le manque criant de crédits attribués à l’entretien et à l’amélioration du réseau routier et assure en revanche l’augmentation de la rentabilité des radars sur ces tronçons ».

La LDC rappelle que son site Activ’route est au service des conducteurs et des collectivités chargées de l’entretien et de l’aménagement du réseau routier. Véritable réseau social d’utilité publique, cet observatoire de la route mis en place par la LDC permet de signaler les endroits dangereux. Plusieurs dizaines de signalements de zones où se sont produits un ou plusieurs accidents mortels ont ainsi été repérés. Christiane Bayard déplore que, depuis plus d’un an, ce dossier remis au ministère de l’Intérieur et au délégué à la Sécurité Routière soit resté lettre morte.  « Pourquoi un tel silence ? Combien de vies pourraient être épargnées si les aménagements attendus étaient réalisés ? »

Les pouvoirs publics s’enferment dans une politique de sécurité routière répressive. On se plaît à confondre sécurité et sécuritaire. Cette collusion intellectuelle fait la part belle aux lobbys anti-vitesse. Ces idéologues serinent depuis des années une contre-vérité qui devient un mensonge d’état « 1 % de vitesse en moins c’est 4 % de tués en moins ». La LDC a été la première à soumettre cet aphorisme à une analyse mathématique. La formule ne permet en aucun cas d’établir un lien scientifique entre vitesse et mortalité, cela tient tout juste du « bricolage ». Et d’après cette même formule, il faudrait attendre 5 ans pour économiser une seule vie sur les tronçons en test … pendant 2 ans. Calculez la marge d’erreur ! Les 3 tronçons « test » ne sont qu’une pseudo expérimentation mise en place sans protocole ni procédure.

Test ou pas test, la Ligue de Défense des Conducteurs s'oppose à la baisse de la vitesse à 80 km/h sur route. Une position partagée par un grand nombre de Français, comme en témoigne le succès de sa pétition « Non à la baisse des limitations de vitesse » qui recueille aujourd’hui plus d’1,5 million de signatures certifiées par huissier.