Conducteurs, attention au refus de priorité piétons !

De nombreux témoignages de conducteurs ont attiré l’attention de votre association. Leurs points communs ? Les piétons et la réglementation... Beaucoup d'entre vous ne semblent pas savoir que depuis dix-huit mois, les sanctions ont changé. Au cas où ces informations vous auraient échappé, la Ligue de Défense des Conducteurs vous propose un cours de rattrapage.

Vous les croisez tous les jours sur votre chemin, ou plutôt, ce sont eux qui croisent votre chemin en traversant la route. Eux, ce sont les piétons, une population "mobile" particulièrement fragile qui compte pour près de 15 % des victimes de la route (les automobilistes 50 %, les motards 19 % et les cyclistes 6 %1).

Via de nombreux témoignages de conducteurs, la Ligue de Défense des Conducteurs s’est rendue compte que des zones d’ombres existaient autour de la priorité des piétons : qu’est-ce que le refus de priorité à un piéton ? Quelles sanctions risque-t-on ? Un piéton est-il véritablement prioritaire partout, tout le temps ? Pour y voir plus clair, votre association fait le tour de la question.

 

     1. Que dit le Code de la route ?

 

Où un piéton est-il prioritaire ?

Vous avez sûrement déjà pesté contre cet individu, loin d’un passage piéton, qui traverse au beau milieu de la route sans prévenir, créant la panique chez les conducteurs. Pour autant, il ou elle est dans son droit. En effet, un piéton n'est pas seulement prioritaire lorsqu’il traverse "dans les clous", il l'est à tout moment : les automobilistes doivent obligatoirement lui céder le passage et s’arrêter. Sans ambiguïté, la Sécurité routière clairement la situation : « Le piéton est l’usager le plus protégé par le code de la route : il a, quoi qu’il arrive, toujours la priorité sur la chaussée ».

Un conducteur doit céder le passage si le piéton manifeste clairement l'intention de traverser la route, mais qu’il n’est pas encore en train de le faire (article R415-11 du Code de la route). Un regard, un geste indiquant sa volonté de traverser et vous devrez vous arrêter pour le laisser passer, sinon vous risquez de commettre l’infraction de non-respect de la priorité au piéton (ou refus de priorité).

 

 

Quelles sont les sanctions ?

En cas de non-respect de la priorité des piétons, les sanctions sont sans clémence. Contrevenir à l’article R415-11 entraine en effet une amende de quatrième classe, soit 135 € (minorée à 90 € et majorée à 375 €), mais surtout un retrait de 6 points sur le permis de conduire (et jusqu’à 3 ans de suspension de permis). Cette sévérité a pu vous échapper car c’est un décret récent, publié le 17 septembre 20184, qui a revu la sanction à la hausse : 2 points de plus sont retirés depuis cette date (auparavant le retrait était de 4 points). Pour améliorer la protection des piétons, l’État, au lieu faire de la prévention ou d’améliorer la formation des conducteurs, a donc misé, une nouvelle fois, sur la répression. Pour lui, 2 points supplémentaires de perdus seront donc efficaces et suffisants…

D’ailleurs, comme le gouvernement ne fait pas confiance aux conducteurs, actuellement, des radars sont en test pour réprimer automatiquement cette infraction. Et il y a fort à parier qu’ils se multiplieront sur les routes dès qu’ils seront homologués et qu’ils risquent de faire pleuvoir les PV et les contestations.

Avec ce genre de mesures et de tels dispositifs, l’État s’enferme toujours plus dans sa politique de répression. Pourtant, d'autres solutions existent.

 

     2. Les nouveaux moyens de lutte contre la mortalité des piétons

 

De nouveaux outils législatifs : moins de répression, plus de prévention

Profitant de la Loi d’orientation des mobilités (LOM, promulguée le 24 décembre 2019), les parlementaires ont proposé de nouvelles mesures pour aller plus loin dans la protection des piétons et sans durcir à nouveau les sanctions pour les conducteurs… Pour une fois !

L’article 52 interdit tout emplacement de stationnement (sauf moto, vélo ou engins de déplacement personnel) sur la chaussée, à moins de 5 mètres en amont d’un passage piéton, pour permettre une meilleure visibilité.

Dans le même esprit, l’article 55 stipule que, dès le 1er janvier 2021, les véhicules de plus de 3,5 tonnes seront équipés d’une signalisation indiquant clairement la position des angles morts sur le véhicule pour éviter les collisions.

 

Des systèmes innovants pour plus de sécurité

Aménagements urbains originaux ou initiatives de constructeurs automobiles : tout est pensé pour la sécurité des piétons.

La zone tampon : les collectivités locales peuvent aménager un espace, entre 2 et 5 mètres avant le passage piéton, matérialisé par une ligne discontinue, où les véhicules doivent s’arrêter pour laisser traverser les passants en toute sécurité5. L’objectif est de rendre la traversée plus sûre en tenant véhicules et piétons à distance (en 2018, 29 % des piétons tués l’ont été sur un passage protégé1).

Les passages piétons en 3D : ceux-ci sont peints sur la chaussée à la façon d’un trompe-l’œil. Avec le relief induit par la 3D, ils semblent sortir de la chaussée. Pour tout conducteur, l’effet est immédiat et le fait ralentir, de peur de heurter un obstacle.

Les dispositifs automobiles pour lutter contre les blessures des piétons : les constructeurs automobiles équipent leurs véhicules de dispositifs de sécurité passive pour les préserver en cas de choc. Ainsi, la géométrie des véhicules est moins anguleuse et les pièces de carrosserie sont déformables, pour atténuer l’impact et réduire le risque de blessure. En cas de choc frontal, les pare-chocs arrondis font basculer le piéton sur le capot pour lui éviter de subir de graves lésions des membres inférieurs.

Au-delà de ces systèmes passifs, les véhicules sont désormais majoritairement équipés de systèmes actifs qui protègent les piétons au maximum lors d’un choc ou en évitant que celui-ci n’arrive (le système de freinage d'urgence autonome, le capot actif, les airbags extérieurs…).

La protection des piétons notée dans les tests Euro NCAP : le European New Car Assessment Programme (Euro NCAP), à travers les tests de « protection des usagers vulnérables de la route », note la capacité des véhicules à les protéger en cas de collision (étude des risques potentiels de blessures à la tête, au bassin et aux jambes des piétons), résultant des dispositifs décrits précédemment.

 

La Ligue de Défense des Conducteurs vous le rappelle : piéton ou conducteur, le meilleur élément de protection c’est vous. Soyez attentif, prudent, maitrisez votre véhicule et anticipez.

Pour une conduite responsable, apaisée et courtoise, l’association se bat continuellement pour une amélioration de la formation des conducteurs, une sensibilisation accrue et davantage de prévention.

 

Pour en savoir plus sur la conduite apaisée et courtoise, retrouvez notre dossier spécial sur le thème de la courtoisie au volant en cliquant ici.

 

1 L’accidentalité routière en 2019 : estimations, Observatoire national interministériel de la sécurité routière, 31 janvier 2020.

2 Article R412-43 du Code de la route.

3 Article R412-37 du Code de la route.

4 Décret n° 2018-795 du 17 septembre 2018 relatif à la sécurité routière.

5 Communiqué de presse du Ministère de l’Intérieur, 9 janvier 2019.