Voitures-radars : un coup d’accélérateur tous azimuts !

Un palier va être franchi dans la privatisation des voitures-radars. La Ligue de Défense des Conducteurs vous alerte de cette nouvelle phase de déploiement de ces machines piégeuses. En effet, aux trois nouvelles régions prévues pour janvier prochain, quatre autres suivront fin 2020, avant de couvrir tout le territoire. L’autre nouvelle, c’est que leur technologie va évoluer pour « optimiser » leurs missions. De quoi craindre une nette hausse du stress de conduite et du nombre de PV.

L’externalisation de la conduite des voitures-radars a déjà connu un coup d’accélérateur récent : d’une seule région (Normandie) en 2018, ces véhicules conduits par des « chauffeurs privés » étaient annoncés dans quatre régions au total, avec l’ajout, à partir de janvier 2020 de la Bretagne, des Pays de la Loire et du Centre-Val-de-Loire.

Aujourd’hui, la diffusion de ces braves et insoupçonnables Dacia Sandero Stepway, 208 et autres Mégane passe à la vitesse supérieure, avec quatre nouvelles régions, comme le prévoit le Projet de loi de finances (PLF) pour 2020 : la conduite de ces véhicules anonymes serait donc confiée à des entreprises dans un total de huit régions d’ici la fin de l’année 2020. En effet, à cet horizon, 43 véhicules « privatisés » devraient arriver en Nouvelle-Aquitaine ; 40 gagneraient la région Grand-Est ; 34 s’y ajouteraient dans les Hauts-de-France et 24 circuleraient en Bourgogne-Franche-Comté (1). Ensuite, vers la fin 2021, cette contagion se répandra dans toute la France avec l’arrivée des « chauffeurs privés » dans cinq autres régions.

Avec un temps d’utilisation accru de chaque véhicule de contrôle, ces radars sur roues sont extrêmement efficaces : alors que les véhicules conduits par des entreprises constituent 6,4 % du parc des voitures-radars, ils effectuent déjà un tiers des heures de contrôle dans toute la France.

On peut donc s’attendre à un accroissement du nombre de PV lié à ces 409 implacables machines. D’ailleurs, au premier semestre 2019, les voitures-radars ont « flashé » 577 162 fois, ce qui a donné lieu à 419 610 PV. Oui, un flash infra-rouge, donc indétectable, c’est imparable…

La technologie elle-même se plie en quatre pour améliorer le rendement de ces voitures-radars. En effet, le PLF 2020 comporte l’indication suivante : « Le développement d’un système d’information est poursuivi en 2020 afin de permettre l’optimisation des multiples déplacements des radars déplaçables et la définition des missions des voitures radars à conduite externalisée. » (PLF 2020, Compte d’affectation spéciale, Structures et dispositifs de sécurité routière, Programme no 751, p. 32).

Jusqu’à présent, quand on évoquait les radars, on pensait d’abord aux cabines fixes, bien visibles. Dorénavant, on devra aussi et surtout songer aux radars qui prennent la forme de voitures banales, fondues dans le flot de la circulation, et munies d’un flash invisible. De quoi démultiplier l’effet de surprise et le stress au volant, puis l’impact sur le portefeuille et le permis de conduire. Face à ce constat, la Ligue de Défense des Conducteurs s’interroge : pourquoi de tels radars sont-ils dissimulés et confiés à des chauffeurs privés ? En effet, ceux-ci ne peuvent pas arrêter l’auteur d’une infraction ni mettre fin à un comportement dangereux. Et encore moins faire de la prévention. Le chemin est donc encore long pour construire une politique de sécurité routière qui fasse confiance au conducteur, acteur majeur de cette sécurité.

 

(1) Auto Plus, no 1632, 13/12/2019, p. 10-11.